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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
La nuance était importante.
Il y avait également dans ce texte une autre nuance ;i’expression « le général Joffre , général en chef des arméesfrançaises » au lieu du titre que m’avait conféré le décretde décembre 1915 : « commandant en chef des arméesfrançaises. »
Cette nuance était reproduite dans le décret qui portaitles remaniements dans le haut commandement.
Il était ainsi conçu :
Sont nommés :
Le général Joffre, général en chef des armées françaises,conseiller technique militaire du gouvernement, membre con-sultatif du Comité de guerre ;
Le général Nivelle, commandant en chef des armées duNord-Est ;
Le général Gouraud, résident général de France au Maroc par intérim ;
L’amiral Gauchet, commandant supérieur de toutes lesforces navales alliées dans la Méditerannée.
A la lecture des journaux, j’éprouvai une impressionpénible ; je crus comprendre que le gouvernement n'avaitpas joué franc-jeu avec moi. Cette impression fut accentuéepar le fait que le général Nivelle, le nouveau commandanten chef des armées du Nord-Est, avait été mandé d’urgenceà Paris par le gouvernement, sans que ce dernier ait jugébon de m’en avertir. Nivelle avait quitté Souilly, sonquartier général, le 13 décembre à 9 heures, chargeant sonchef d’état-major, le colonel de Barescut, de m’en rendrecompte par téléphone.
Sous cette impression je fis appeler le général Gamelin, mon futur chef d’état-major, et je lui manifestai ma vo-lonté d’envoyer au gouvernement ma démission. A la ré-flexion, je décidai de surseoir à cette décision, et je pres-crivis au général Gamelin de rédiger une note que je meproposais de présenter au président du Conseil, pour fairedéterminer avec précision mes futures attributions. Cettenote était ainsi conçue :
« 1° Le général Joffre fait partie du Comité de guerre;