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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
soumettre mes propositions au gouvernement : il revintavec l’approbation que j’avais sollicitée.
La manière dont il me sembla, dans ces deux circons-tances, que le gouvernement comprenait mon rôle, me con-firma dans le désir de tenter l’essai loyal de la nouvelleorganisation, et, le 20 décembre, je me contentai d’écrire auministre, en réponse à son projet d’attribution, en lui con-firmant simplement la demande que je lui avais faite la veilleau Comité de guerre d’augmenter de trois le nombre desofficiers agents de liaison du gouvernement, qui serviraientdorénavant à me tenir au contact des armées (1).
Entre temps, j’avais reçu avis, le 19, que le gouverne-ment ratifiait le projet d’installation de mon état-majordans le gouvernement militaire de Paris, tel que je luiavais demandé. Il donnait des ordres au gouverneur pourque celui-ci procédât, suivant mes indications, à cette ins-tallation.
Ainsi donc, le 20 décembre, j’étais fondé à croire quel’organisation projetée allait être appliquée ; pour ce quime concernait, je tenais à témoigner du plus grand espritde conciliation, ne voulant créer aucune gêne au gouver-nement que je savais aux prises avec une opposition par-lementaire très violente. J’avais, dans cet esprit, fait tairetoutes mes revendications, en particulier celles qui avaientfait l’objet de ma lettre du 14 décembre et, comme on vientde le voir, je m’étais borné à demander une rectification dedétail qui ne pouvait passer pour la remise en questiond’un principe.
Mais voici que, le 21 décembre, se tint un nouveauComité de guerre : un certain nombre de remaniementsdans le haut commandement y furent décidés ; entre autres,le général Foch était remis à la disposition du ministre. Jefis valoir qu’il était éminemment regrettable, à tous pointsde vue, de se priver des services de ce grand soldat et
(1) Les officiers qui faisaient depuis le début de la guerre la liaisonentre le gouvernement et moi, étaient le colonel Pénelcn et le com-mandant Herbillon.