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dit également qu’une mission britannique, ayant à sa têtelord Balfour, allait partir de son côté pour soutenir lesintérêts de l’Empire auprès de la République américaine.J e songeai alors que si notre nouvelle alliée ne voyait arriverque des hommes politiques, elle serait peut-être insuffisam-ment renseignée sur la situation militaire. Je répondis doncau président du Conseil que j’étais aux ordres du gouver-nement et que je me tiendrais prêt à partir aussitôt qu’onme le demanderait.
Sans attendre les instructions que je ne pouvais man-quer de recevoir sur le but précis de la mission que j’auraisà remplir, je m’occupai de réunir un état-major qui pûtm’aider dans cette nouvelle tâche.
Je décidai d’emmener avec moi le lieutenant-colonelFabry, mon chef de cabinet, et le médecin major LucienDreyfus, dont j’appréciais depuis le début de la guerreles soins attentifs et discrets et l’inlassable dévoue-ment.
Le ministère de la Guerre mit à ma disposition le lieu-tenant-colonel Rémond, le commandant Requin et le lieu-tenant de Tessan.
La Marine fut représentée par le vice-amiral Cocheprat,avec deux officiers.
Le marquis de Chambrun, député de la Lozère , et des-cendant de Lafayette, accompagnait M. Viviani, avec uncertain nombre de fonctionnaires.
Ce ne fut que l’avant-veille de mon départ de Paris , le13 avril, que je reçus deM. Painlevé, ministre de la Guerre,une lettre me confirmant ma mission : « Le gouvernement ajugé nécessaire, dans les circonstances actuelles, l’envoi enAmérique d’une de nos plus hautes personnalités militaires,afin de déterminer, sans retard et dans leurs grandes lignes,les directives de la coopération des forces américaines avecles armées alliées. »
Cette formule si vague avait un mérite, elle me montraitclairement, que le gouvernement, ignorant dans quellesconditions l’Amérique pourrait et voudrait collaborer avecnous, me laissait carte blanche pour organiser sur place