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avait échoué, ou tout au moins qu’elle était loin d’avoirdonné les résultats grandioses qu’on en attendait.
Cette attristante constatation me confirma dans l’idéequ’un effort gigantesque était à demander à l’Amérique ;il ne s’agissait plus pour elle, en supposant qu’elle ait eul’intention de borner à cela son intervention, d’envoyerquelques hommes en Europe pour promener le drapeauétoilé sur notre front; il fallait que, sans perdre un jour,elle mobilisât au service de la cause alliée toutes ses res-sources en hommes, en matériel et en argent.
Le 24 avril au matin, au moment où nous arrivions envue d’Hampton Roads, nous nous trouvâmes en présencede l’escadre américaine de l’Atlantique, qui nous renditles honneurs. Puis son chef, l’amiral Henry T. Mayo,monta à bord de la Lorraine avec son état-major et lelieutenant-colonel Spencer Cosby, ancien attaché mili-taire en France, qui allait rester attaché à ma personnependant toute la durée de mon séjour en Amérique. L’amiral, en quelques mots d’une mâle sobriété, medéclara qu’il considérait la mission qu’il avait reçue devenir le premier me saluer à mon arrivée dans son pays,comme le plus grand honneur de sa carrière de marin.Après lui, arrivèrent à notre bord M. Jusserand, notresympathique et habile ambassadeur à Washington, lesous-secrétaire d’Ëtat aux Affaires étrangères, M. Long,le sous-secrétaire d’Ëtat à la Marine, M. Franklin Roose-velt, qui portait un nom doublement cher à nos cœurs deFrançais, et le général Scott, chef d’état-major général,avec lequel j’entretins pendant tout mon séjour de fré-quentes et amicales relations.
Conformément aux usages, nous rendîmes aussitôt savisite à l’amiral Mayo à bord du Pennsylvania.
J’ai conservé de ce premier contact officiel avec l’Amé-rique les meilleurs souvenirs et on verra que cette favo-rable impression alla chaque jour en s’accentuant. Dèsle premier abord, par la courtoisie et par la déférencedont on nous entourait, par l’impression de force, d’ordreet de majesté que donnaient les navires américains que