452 MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
nous avions sous les yeux, on sentait à la fois que l’Amé-rique avait tout entière épousé notre cause et qu’elle sepréparait à entrer dans la guerre avec une virile résolution.
Le soir, nous passâmes de la Lorraine à bord du MayFlower, le yacht présidentiel mis gracieusement à notredisposition pour la circonstance.
Le 25, dans la matinée, nous remontions le Potomac. En passant devant Mount Vernon, tandis que la musiqueembarquée à notre bord jouait l’hymne national améri-cain, nous saluâmes de loin la maison et la tombe deGeorge Washington que je me proposais d’aller visiterpendant mon séjour.
A midi, nous accostions à Washington. M. Lansing, secrétaire d’Ëtat aux Affaires étrangères, vint noussouhaiter une chaleureuse bienvenue ; à terre, nous atten-daient les députations des ministères, le corps diploma-tique des nations alliées, M. Balfour et la mission britan-nique. A la réception très cordiale et très chaleureuse despersonnalités officielles, succéda celle de la foule, qui futpour moi une réconfortante surprise. Les ministères, lesbureaux, les magasins, les écoles, les usines avaient étéfermés. Toute la population était là pour nous accueillir.Les acclamations interminables se faisaient entendre, quisaluaient, au moment où nous foulions le sol américainpour la première fois, l’armée française et ses représen-tants.
La journée du 2 avril fut consacrée à des visites offi-cielles, chez M. Lansing, d’abord, qui nous accompagnaensuite à la Maison Blanche, où il nous présenta au prési-dent Wilson. Celui-ci donna à cette première entrevueune très grande solennité. De là, nous allâmes saluerM. Baker, ministre de la Guerre.
Le même jour, ce dernier, accompagné du général Scott,vint me rendre la visite que je lui avais faite. J’en profitaipour aborder immédiatement la question qui m’amenaiten Amérique, pour lui exposer sans délai mes idées :
D’abord, je lui dis ma conviction que les États-Unis étaient de taille à organiser une grande armée et que