Print 
2 (1932)
Place and Date of Creation
Page
454
Turn right 90°Turn left 90°
  
  
  
  
  
 
Download single image
 
  

454

MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

cabinet, je fis devant M. Baker, le général Scott, le généralKuhn et le brigadier général Bliss un court exposé de lasituation militaire, en mefforçant de montrer le rôle quelAmérique était appelée à jouer dans cette phase suprêmede la guerre. Le soir, nous dînâmes à lambassade deFrance , jeus loccasion dadmirer le prestige et lauto-rité dont M. Jusserand était entouré par nos amis dAmé-rique .

Le 28, jeus une nouvelle conférence au War College,au cours de laquelle nous eûmes loccasion dentrer dansle détail de notre programme et de mettre au point desquestions que nous navions pas encore abordées.

Mais ce jour- est resté dans mes souvenirs comme unejournée particulièrement heureuse pour nos affaires. Cesten effet après le souper qui nous avait été offert à lAlibi-Club, que M. Nicolas Longworth vint nous annoncerque la Chambre des représentants et le Sénat avaientvoté à une énorme majorité la loi de conscription. En pré-sence dune impérieuse nécessité, et comme avait fait laGrande-Bretagne quelque temps auparavant, lAmérique acceptait que le poids de la guerre pesât sur tous sescitoyens et non plus seulement sur les épaules de quelquesvolontaires. Les conséquences de cette mesure, adoptéesi rapidement, devaient être décisives pour lissue victo-rieuse de la guerre.

Le 29 avril, après avoir dans la matinée reçu des jour-nalistes qui venaient mettre à notre disposition la voixsi puissante de la presse, jallais à bord du May Flower,en compagnie de M. Balfour, faire un pieux pèlerinage àMount Vernon .

Jy saluais la mémoire de lancêtre de la nation améri-caine, et je déposais, au nom de larmée française, unepalme sur sa tombe. Je visitais ensuite avec recueillementsa maison et minclinais devant le lit il était mort.Dans une chambre une inscription que surmontaient troisépées, attira mes regards : « Ces épées ne devront pas êtretirées pour verser le sang, sauf pour la défense du payset de la liberté. Dans ce cas, il ne faudra pas les remettre