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Alors, me tournant vers le ministre, je lui dis : « C’est unbeau soldat, il va commander bientôt à des millions de sol-dats américains, dites-lui, je vous prie, qu’il peut comptersur moi en toutes occasions. »
Quelques instants après, j’allai prendre congé du pré-sident Wilson ; je lui exprimai mes sentiments de grati-tude pour l’accueil que j’avais reçu auprès de lui et l’émo-tion que j’avais ressentie au cours de ma rapide tournéeà travers l’Amérique ; je lui dis que je garderais jusqu’àmon dernier jour le souvenir des témoignages de si vibranteaffection dont nous avions été partout l’objet, et je ter-minai en exprimant l’espoir de voir bientôt l’armée amé-ricaine aux côtés des soldats français et alliés sur notresol.
A minuit, nous embarquâmes à New-York pour ren-trer en France à bord de la Lorraine .
Mon rôle, dans la guerre, était cette fois terminé.
On sait quelle place les troupes américaines ont tenue,en 1918, dans la phase suprême du conflit mondial. Aumoment de l’armistice plus de 2 millions de soldats avaienttraversé sans incident l’Atlantique, et, aussi bien pendantla lutte que les Alliés soutinrent pour arrêter les attaquesallemandes que pendant les victorieuses offensives quinous menèrent à la victoire, les divisions américaines,les unes généreusement mêlées aux troupes françaises etbritanniques, les autres sous le haut commandementdu général Pershing, à Saint-Mihiel, sur la Meuse , àMontfaucon, en Argonne, prirent une part glorieuse auxopérations. Ainsi, l’accord que j’avais scellé avec le gou-vernement des États-Unis a reçu dans cette dernièreannée de la guerre sa pleine consécration et je regardecomme un devoir de terminer ces pages par un justehommage à la nation et à l’armée américaines.
Quand j’eus à traiter avec les membres du gouvernementaméricain la question de la coopération militaire desÉtats-Unis, je sentis très vite que tous les hommes d’Ëtat et les militaires avec lesquels je me trouvais en contact,