LES SERBES
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exposée que la côte nord de l’Albanie , par exemple cellede Vallona. Je décidai donc d’envoyer le général Piarronde Mondésir à Brindisi en lui confiant la mission d’orga-niser le sauvetage de l’armée serbe et de la réorganiser.
Le général partit le 15 décembre pour l’Italie : maislà, il se heurta à l’opposition du gouvernement italienqui ne voulait pas entendre parler d’une concentrationdes débris serbes dans la zone de Vallona ; le prétexteofficiellement donné fut qu’ils apportaient avec eux desmaladies épidémiques ; en réalité, il était surtout peu dé-sireux de voir des Serbes s’installer dans une région qu’ilconsidérait dès ce moment comme une « chasse gardée. »
Il fallait donc trouver une autre solution, et cela deve-nait d’autant plus urgent que la situation des restes del’armée serbe devenait de plus en plus critique : le 20 dé-cembre je recevais en effet du prince Alexandre de Serbie un appel émouvant, me signalant que ses troupes, démo-ralisées, affamées, étaient menacées par les contingentsaustro-bulgares qui s’avançaient vers l’Adriatique entreAllessio et Durazzo .
Dès que j’appris ces nouvelles, je m’empressai d’attirerl’attention du président du Conseil sur la nécessité d’ob-tenir, par voie diplomatique, du gouvernement italien l’au-torisation d’utiliser Vallona tout au moins comme lieude première destination ; en cas d’opposition italienne irré-ductible, « la solution qui me paraissait la plus avanta-geuse consistait à transporter immédiatement les forcesserbes de Scutari dans l’île de Corfou . » Je demandaisd’autre part au ministre de la Marine si cette opérationétait possible au point de vue « Marine » et si elle pouvaitêtre exécutée avec la rapidité exigée par les circonstances (1).
J’attendais avec impatience une réponse à ces sugges-tions, lorsque j’appris le 26 avec étonnement que le gou-vernement français avait pris la décision de transporterl’armée serbe à Bizerte .
(1) Message téléphoné le 22 décembre 1915 à 10 h. 45 au ministèredes Affaires étrangères.